Qu’est-ce qu’un conte interdit ?
Si vous voulez préserver votre âme d’enfant,un univers dans lequel je vous déconseillerais de rentrer, ce serait celui des contes interdits.
Mais qu’est-ce qu’un conte interdit ? Un conte interdit est une réécriture sombre et moderne des contes de notre enfance. Oubliez les adaptations Disney, ici, on se rapproche beaucoup plus des histoires originelles des auteurs Andersen, Grimm et Perrault. On s’en rapproche, et je dirai même que l’horreur est encore plus présente.
Ces adaptations, on les doit à un collectif d’auteurs québécois. Des auteurs comme Simon Rousseau, L.P. Sicard, Sonia Alain ou Yvan Godbout se sont partagés la réécriture des trente-cinq contes interdits déjà sortis (vous pouvez trouver la liste complète ici).
Attention, les contes sont destinés à un public averti. La lecture d’un conte interdit est réservée à un public majeur. Il est d’ailleurs précisé, sur les livres, la mention -18 (prendre en photo et insérer image). Toutes les atrocités du monde sont ici détaillées : pédophilie, scènes de torture, cannibalisme… Ce sont des passages que j’ai pu retrouver dans la lecture d’UN seul livre. Public averti oui, mais il faut quand même avoir le cœur bien accroché.
Il n’y a pas vraiment d’ordre de lecture, il est possible de lire les livres indépendamment les uns des autres. Cependant, il existe deux suites connues. L’une d’entre elle est Hansel et Gretel, Boucle d’Or et le Petit Poucet, une trilogie écrite par Yvan Godbout.
L’autre suite est Peter Pan et La Belle et La Bête, écrits par Simon Rousseau.
Pourquoi j’ai commencé par Peter Pan et la Belle et la Bête.
Quand j’ai commencé à m’intéresser au conte interdit, je ne savais pas trop par où commencer. Alors, j’ai fait comme à mon habitude, je me suis rapprochée de ce que je connaissais déjà. L’un des contes que je préfère est La Belle et La Bête. Connaissant plutôt bien l’histoire, je me suis demandée ce qu’une réécriture moderne et macabre pouvait donner. En me renseignant un petit peu plus, j’ai découvert qu’il était la suite de Peter Pan. C’est donc par ces deux livres, écrits par Simon Rousseau, que j’ai commencé.
Ce que j’en ai pensé.
PETER PAN :
Résumé : Une vague de drogués se jetant du haut d’immeubles, croyant pouvoir voler. La disparition d’une jeune femme, Wendy Gauthier, et de ses deux frères délinquants, évadés de leur pénitencier pour mineurs. Une île perdue dans la forêt boréale, habitée par une communauté déjantée et leur leader sans âge. Une baronne du crime nymphomane et amoureuse de bijoux en forme de clochettes. Un enquêteur médisant et dépourvu de sa main droite, dévorée par un cannibale qui hante encore ses nuits.
Personnages : Tous les personnages sont, ici, présents. Wendy et ses frères, Peter Pan et les enfants perdus, Capitaine Jacques, et même le crocodile fait une apparition. On retrouve facilement les personnages, les descriptions données correspondent aux personnages du conte. J’ai par exemple reconnu La Mouche par la description donnée, et non pas par le nom qui lui a été donné, qui n’est pas celui que je connaissais.
Mon avis : A la lecture de ce premier conte interdit, j’avais beaucoup d’attentes. Je voulais vraiment retrouver les personnages que je connaissais. Je cherchais des références partout. Et je n’ai pas été déçue. On pourrait se demander comment faire intégrer l’idée que, dans le monde présent et non féérique, un crocodile mange la main d’un pirate.
Eh bien, cela a été décrit, et cela ne parait pas absurde du tout. C’est plausible. Et cela est dérangeant de se dire que c’est effectivement possible, dans le monde d’aujourd’hui, qu’un cannibale s’empare de la main du policier qui le poursuit. Je pensais que la recherche de toutes ces références allaient empêcher ma lecture, mais le livre est tellement bien écrit, que je me suis aussi laissée prendre par l’histoire.
Je voulais savoir qui allait se sortir de toute cette horreur. Peter Pan se lit vite, mais pas parce qu’il fait que 237 pages. Si je n’ai pas mis longtemps à lire ce conte revisité, c’est parce qu’on plonge vite dans l’histoire, et on n’a plus envie de reposer le livre. Enfin, sauf quand les passages décrits sont trop détaillés pour les lire sans émotions (le dégoût était présent).
LA BELLE ET LA BETE :
Résumé : Une jeune infirmière traumatisée, contrainte de raconter sa terrible histoire aux autorités. Une résidence luxueuse dissimulée au coeur de la forêt et regorgeant d’horreurs innommables…Un prisonnier sauvagement mutilé, incapable de venir en aide à une famille au funeste destin. Un adolescent dont l’âme a depuis longtemps été arraché, servant un maître impitoyable. Une bête maudite, capable des pires atrocités…
Personnages : On retrouve Belle et sa famille, la Bête est bien sûr aussi présente. On a aussi un petit clin d’oeil à l’horloge et au chandelier.
Mon avis : On pourrait se demander si je suis saine d’esprit à m’infliger une réécriture aussi macabre de mon histoire préférée. J’ai toujours aimé, et j’aime toujours, cette histoire d’amour improbable. Si on occulte, volontairement, le fait qu’il y a un énorme syndrome de Stockholm, on ne peut pas oublier que Belle tombe amoureuse de la Bête pour sa personnalité, et pas pour l’image qu’il renvoie.
Alors petite précision, je me base ici sur l’adaptation Disney. Je ne suis pas assez familière du conte original. C’est le cas aussi pour Peter Pan. Mais même avec cette belle histoire d’amour en tête, j’ai adoré l’adaption qu’en a fait Simon Rousseau. J’ai apprécié qu’on ait deux points de vue, d’une même histoire. J’aime le twist final, différent des happy ends habituels. (Le fameux “Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”).
Pour finir sur ce livre, bien qu’il fasse partie d’une duologie, je trouve pas non plus qu’il soit nécessaire d’avoir lu Peter Pan avant. Il aide à comprendre un personnage, mais sans avoir lu Peter Pan, je suis certaine que j’aurai tout de même apprécié ma lecture.
Je vais lire d’autres Contes Interdits…
Etant fan de macabre, d’horreur, j’ai envie de continuer à lire des Contes Interdits. En lisant la duologie, je me suis revue petite, appréciant les Chair de Poule de R.L. STINE, que ma mère me dénichait en brocante. J’avais envie de me mettre sous la couette, et apprécier, ainsi, encore plus ma lecture. …à petite dose.
Oui, j’aime avoir peur, mais je vais quand même espacer mes lectures, et ne pas dévorer (sans vouloir faire un clin d’œil au crocodile), les 35 livres de la collection. J’ai aimé les frissons ressentis lors de ma lecture, et comme quand on apprécie les films d’horreur, on pourchasse ce sentiment.
Mais je tiens vraiment à insister sur le fait que certaines scènes sont bien détaillées. Et on n’est pas dans la tête de la victime. J’ai trouvé cela dérangeant, et j’avais besoin de poser le livre dans ces moments-là. Mon avis personnel est qu’il ne serait pas sain de s’infliger la lecture de la collection des contes interdits, sans faire des pauses, pour apprécier des lectures plus légères (Hello Bridgerton).
Retrouve-moi sur Instagram pour me dire si tu veux te laisser tenter par la lecture d’un conte interdit. Si tu en as lu d’autres que ce que j’ai lu, aurais-tu une préférence à me conseiller ?